La légitimité démocratique de la primaire s’impose avec l’évidence du bon sens. «Révolution démocratique», elle permettrait de trancher la question du «leadership» socialiste, d’élargir la base de légitimité du futur candidat, de créer une dynamique préélectorale mais surtout de donner un nouveau droit aux électeurs et au peuple de gauche. Parce qu’elle est fondée sur une technologie sociale, le vote, associé à la démocratie (qu’y a-t-il de plus démocratique que le vote ?), la primaire est présentée comme une forme de «démocratisation» du système politique. Il est «démocratique» de donner le pouvoir aux électeurs et de retirer cette prérogative aux seuls militants et de fluidifier la représentation politique en court-circuitant l’organisation partisane, «lourde» et peu représentative. Le processus de désignation quitte les coulisses de l’«appareil» partisan (la sélection confinée du candidat) pour s’opérer au grand jour. Le rôle des citoyens se borne, en démocratie représentative, à celui de départager des élites en présence, présélectionnées par les partis politiques. La primaire fait intervenir les électeurs dans un processus où ils n’avaient pas leur place jusque-là.
Il convient de prendre quelque distance avec ces fausses évidences démocratiques. Si elle peut ponctuellement politiser l’espace public, la primaire contribue à accentuer certaines tendances structurelles de la vie politique qui ne vont pas forcément dans le bon sens «démocratique». De quelle «démocratie» la p