La primaire socialiste ne doit pas être jugée seulement à l'aune de ses ambitions démocratiques. C'est aussi sa capacité à défaire la domination culturelle de la droite qui détermine cette large mobilisation des électeurs de gauche. Il ne s'agit pas seulement de désigner un candidat. Mais surtout d'engager la reconquête culturelle de notre pays. Et, dans ce domaine, la gauche part de loin.
Reprenons simplement les faits. Depuis près de deux décennies, la gauche française a perdu le soutien des classes populaires. 41% des ouvriers votaient en faveur de François Mitterrand au premier tour de l'élection de 1988. Ségolène Royal rassemblait quant à elle 25% d'entre eux le 22 avril 2007, cinq ans après les 11% de Lionel Jospin le 21 avril 2002. Il y a cinq ans, la candidate socialiste perdait dans le Grand-Est et les zones périurbaines, au profit de Nicolas Sarkozy.
De fait, la gauche a jusqu'ici surtout gagné des élections où les classes populaires ne vont pas voter (les élections régionales, par exemple). Récemment, les enquêtes ont montré que le FN est le principal bénéficiaire du vote ouvrier. Et si, pour la gauche, l'abstention fait l'élection, c'est d'abord parce que la domination culturelle est passée à droite.
A la recherche d'un imaginaire de gauche
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