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Interview

Christian Lothion : «Pour les voyous, Neyret représentait une mine d’or»

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Christian Lothion, directeur central de la police judiciaire :
publié le 5 octobre 2011 à 0h00

Christian Lothion, directeur central de la police judiciaire (DCPJ) depuis trois ans et ancien patron de la PJ de Marseille de 2006 à 2008, a été le supérieur hiérarchique de Michel Neyret alors chef d'antenne de la PJ de Nice, et l'avait été auparavant à Lyon de 2002 à 2004. Le DCPJ se met à table en exclusivité pour Libération sur cette affaire, mais aussi sur les fréquentations indispensables pour «sortir des affaires» et sur l'encadrement des indics.

Comment expliquer que, du jour au lendemain, un commissaire décrit comme un «super flic» ait pu ainsi chuter, n’y a-t-il pas quelque part un manque de clairvoyance ?

Sans entrer dans les détails, je pense que l’éloignement géographique de Neyret à Nice de 2004 à 2007, loin de ses attaches, a pu favoriser sa vulnérabilité même si je crois que le début de sa dérive remonte à un ou deux ans seulement. Il ne devait plus avoir la même rigueur professionnelle. Petit à petit, Neyret, qui aimait cette vie festive et était attiré professionnellement par les voyous pour en apprendre sur le banditisme régional et national, a probablement glissé. D’un autre côté, c’était Neyret, qui avait toujours des tuyaux et des relations. Si on veut avoir des renseignements, il faut avoir des informateurs, mais ces relations doivent rester dans un cadre légal et déontologique. J’ai eu des informateurs mais jamais je ne suis parti en vacances avec eux et je ne les ai jamais invités chez moi à dîner. Il ne faut pas oublier que nos informateurs restent des voyous, il faut faire attention à ne pas franchir la ligne jaune.

Pensez-vous que des voyous l’ont piégé ?

Je pense que certains voyous ont dû sentir sa fragilité à un moment, son attira