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Libération
CHRONIQUE «Vu de»

«Le concubinage, c'est comme le mariage, c'est Madame»

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La Présidentielle 2012 vu de..dossier
Pendant toute la campagne présidentielle, «Libération» s'invite à Hem, à côté de Lille.
par Stéphanie Maurice, envoyée spéciale à Hem
publié le 6 octobre 2011 à 12h45

Quartier des Hauts-Champs, à Hem, dans la banlieue de Roubaix, entre maisons ouvrières et barres. Que pense-t-on, ici, de l'idée d'enlever la mention Mademoiselle sur les formulaires administratifs? Laetitia paresse assise sur la pelouse. Un ami répare le coffre de sa voiture, là, sur le parking, et elle attend qu'il ait fini. Elle a 37 ans, vient de lâcher un poste de femme de service dans une maternelle, parce que la mairie ne lui proposait plus que deux heures de travail par jour. Elle a préféré l'intérim, et l'usine. «Madame, oh là, c'est un grand mot, celui-là ! Cela veut dire une femme mariée, avec des enfants.» Respect, donc. Mais Mademoiselle, elle le trouve inutile, «juste après, ils demandent toujours la situation familiale, autant enlever une case, du moment qu'il m'en reste une, à moi, de case! » Elle rit, en désignant sa tête, et rajoute, d'une voix de fumeuse: «Moi, de toute façon, le matin, au téléphone, quand j'ai la voix cassée, on me dit, allô Monsieur».

A l'arrêt de bus, Nadine, 47 ans, aide à domicile, prend l'affaire au sérieux: «Je suis Mademoiselle, mais je préfère qu'on m'appelle Madame, ça va, je ne suis plus une gamine. On est pacsés depuis 18 ans. A chaque fois que je reçois un courrier avec Mademoiselle, ça m'agace, ce sont les célibataires, les mademoiselle.» Zohra et Malika n'avaient jamais réfléchi à la question, cinq minutes à cogiter, et leur décision est prise: «On a le droit de ne pas divulguer qu'on n