Les lettres muettes sortent du silence et se mettent à résonner. Des «e» qui s'envolent, des «t» qui décollent, et Jean-Michel «Baylet» devient «Baïlette». L'Occitanie est aux portes de Paris. Dans son bureau du VIIe arrondissement, le président du Parti radical de gauche (PRG) est à lui seul un coin de Sud-Ouest. Il caresse de sa voix de baryton des mots à peine désuets comme «chamailler», ou «saucissonner» - pour «prendre l'apéro», ce qui donne une idée de sa conception cochonaillesque de la chose. Ce parler, c'est ce qui l'a immédiatement différencié de ses concurrents de la primaire lors des débats télévisés. L'accent, la légalisation du cannabis, la République et la laïcité, et cette chemise bicolore rayée à col blanc. Autant attaquer par les priorités, les bruits qui courent à ce sujet sont faux, ce n'est pas sa femme qui l'a forcé à s'habiller ainsi, comme l'ont glissé ses proches pour le dédouaner. «Elle a même essayé de me dissuader, assure le président du PRG. Elle me disait que les raies à la télé, ça ne passe pas. Mais moi, je l'aime cette chemise ! Les raies, c'est moderne et joli !» Sensible aux quolibets, il l'a tout de même rangée au placard pour le deuxième débat. «Le résultat, c'est qu'on avait tous l'air de premiers communiants.»
Et le cannabis alors, un morceau de bravoure ? «Je n'ai jamais fumé de joint», écarte-t-il d'emblée. Dommage, un sénateur rad-soc en icône rasta, ça aurait eu du cach