On sait que l'on reproche à certaines personnalités politiques de trop s'investir dans le domaine sexuel au détriment du bien public. Et ceux qui les critiquent sont tenus pour d'honnêtes journalistes qui font ce qu'il faut pour servir la démocratie. Tout autre est le sort de ceux qui reprochent aux politiques de ne pas s'investir assez dans ce domaine ou de faire en sorte de ne rien montrer. Et peu importe s'ils émettent leurs critiques avec talent et subtilité, ils seront quand même blâmés. C'est ce qui arriva, à mon avis, au photographe de Libération Yann Rabanier, lors du cycle de rencontres que ce journal organisa avec les six candidats à la primaire socialiste. La très belle photo de Martine Aubry à la une du journal fut publiée le 20 septembre, lors de la première de ces rencontres.
On y voyait son visage sur un fond noir, comme si le photographe nous invitait à oublier tout ce que nous savions sur elle, comme s’il allait nous la montrer pour la première fois. Et pour mieux nous le dire, son visage était exposé à une lumière éblouissante. Ce jour-là, il n’y avait qu’elle à voir. Or la femme qui y apparaissait avait quelque chose de vraiment nouveau. Elle regardait avec une expression de désir et semblait rechercher qu’on la regarde de la même manière. Ceci non seulement parce que Martine Aubry y est belle, plus belle que sur aucune de ses autres photos, mais parce que l’on y voit une femme traversée comme la presque totalité des humains par ce mystère ordinair