Clichy-la-Garenne, 13h30. Une affiche détrempée indique l'entrée du bureau de vote pour la primaire socialiste dans cette petite école invisible de la rue. Des plaisantins ont arraché les nez des portraits des candidats à la primaire. Un monsieur téléphone dans l'entrée: «Ca y est, j'ai voté, je vais t'expliquer comment faire». Quelques habitants du quartier font la queue en plaisantant: «Je peux payer la semaine prochaine?» -«Ah non, monsieur, on ne fait pas crédit ! » -«Si je fais un chèque, vous me faites un reçu pour les impôts?»

Une vieille dame est déboussolée: elle s'est d'abord rendue dans son bureau de vote habituel, où une affiche l'a renvoyée à l'un des 6 bureaux de vote ouverts pour la primaire sur les 27 habituels à Clichy, banlieue aux mains du PS depuis 1947. Son nom n'apparaissant pas sur la liste, quelqu'un l'a envoyée ici. Elle n'y est pas non plus. Elle reprend sa canne et rentre chez elle.

Chacun rapporte le cas d'un voisin, un ami, qui n'a pas trouvé son bureau de vote. Le bruit enfle: les affiches indiquant où trouver son bureau de vote, collées le matin même pour éviter les dégradations, ont été arrachées systématiquement, et pas par des délinquants... Sans pour autant accuser directement l'opposition: «A qui profite le crime, à votre avis?» «C'est médiocre, ridicule». «On fait des jaloux!» Il semblerait que la fédération a aussi fait des erreurs dans la répartition des bureaux et que le site Internet donne des indications e