Dans son bureau de l'Assemblée nationale, François Hollande a reçu Libération jeudi, seul, pendant près d'une heure pour évoquer sa campagne de la primaire.
Vous et Martine Aubry, ce ne serait pas «bonnet rose et rose bonnet»…
Les Français ont bien vu qu’il y avait deux candidats. Et qu’il fallait faire un choix. Il s’agit moins d’arbitrer entre deux lignes politiques qu’entre deux manières de faire, deux personnalités, deux capacités de gagner…
Cela se joue-t-il sur le tempérament ?
Non, autour d’un enjeu qui dépasse tous les autres. La grande cause du quinquennat, c’est permettre à la France de retrouver confiance en son destin. La génération qui arrive doit être au cœur de nos engagements.
Vous voulez être «le président du changement», de la «justice». Peut-on être le président de l’injustice ?
Rien n’avait été normal depuis 2007 ; la captation du pouvoir, la connivence avec l’argent, la pression sur la justice, la protection des intérêts, l’irrespect des citoyens… D’où l’émergence d’une présidence normale en 2012.
Ce président «normal» ne vous a-t-il pas affadi ?
Mais le thème a beaucoup porté ! Les Français n’y ont pas vu une présidence tranquille, mais respectueuse, exemplaire, contractuelle. L’injustice a marqué toutes les décisions de Sarkozy, de la fiscalité aux retraites, en passant par l’école ou l’accès au logement. Je veux rompre avec le sarkozysme.
Votre côté rassembleur ne renvoie-t-il pas une image d’un candidat édredon ?
Le rassemblement n’est pas une faiblesse, c’est une force. Pas une atténuation, mais une amplification. Pas une posture, mais un caractère.
Cela a parfois donné le sentiment que vous survoliez la primaire…
Je préparais le rassemblement sur une ligne cohérente, pour être plus fort dans l’après-primaire.
La droite ne manquera pas de vous attaquer sur cette «gauche molle»…
Il eut mieux valu ne pas prononcer ces phrases. D’autant qu’elles ne sont jamais assumées et qu’elles relèvent de la caricature.
Ne divisez-vous pas aussi la gauche ?
On sort d’un