Où en sommes-nous, avec Dominique Strauss-Kahn? Son «actu», comme on dit à la télé-promo, reste à la fois dense et presque anecdotique: une condamnation morale, la semaine dernière, dans l'affaire Tristane Banon, une rumeur d'implication indirecte dans le business proxénète, hôtelier et lillois d'un certain «Dodo la saumure», et, sur fond de primaire socialiste qu'il aura traversée comme un fantôme, une barbe.
La barbe surtout, objet de tous les fantasmes et matériau privilégié des psychologues de comptoir, fait jaser. Le 9 octobre qu'elle fut aperçue dans un bureau de vote de Sarcelles, la pilosité faciale strauss-kahnienne restait ambiguë. A la fois perceptible comme «de quatre jours» chez Serge July mais toujours clairsemée comme chez Laurent Joffrin, elle ne portait pas encore le nom de barbe, car même les grands hommes ont le droit de ne pas se raser le dimanche. Une semaine plus tard, le doute n'est plus permis. Il faudra désormais imaginer Strauss barbu, mais barbu comment?
Voyons-cela sur le cliché que l'AFP a dimanche mis en ligne. Sous le cheveu fin et neigeux tels les favoris de Pascal Quignard, la barbe un rien négligée de Strauss est uniformément blanche, sans un grain de poivre que les sourcils monopolisent; elle est d'actualité comme celle de Georges Moustaki et, comme celle de Victor Hugo, dit l'art d'être retraité au moins autant que grand-père. Si elle prétendait dissimuler quoi ou qui que ce soit, ce serait raté; car on chercherait en vain une tentation de