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Libération
CHRONIQUE «APHORISME»

Eva Joly ne veut pas changer les pansements

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Chaque vendredi, Edouard Launet analyse un aphorisme politique. Aujourd'hui, un emprunt de la candidate EELV à Francis Blanche.
publié le 21 octobre 2011 à 11h25

Aphorisme, subs. masc. Proposition résumant à l'aide de mots peu nombreux, mais significatifs et faciles à mémoriser, l'essentiel d'une théorie, d'une doctrine, d'une question scientifique

Le 5 octobre, lors de la présentation de son «contre-budget» pour 2012, Eva Joly a glissé dans son discours cette formule magnifique: «L'urgence n'est pas de changer le pansement, mais de penser le changement». La phrase a fait un beau succès. Elle le méritait. Il manquait juste le nom de l'inventeur: Francis Blanche (1921-1974).

La formulation exacte de Blanche était la suivante: «Dans un monde qui bouge, il vaut mieux penser le changement que de changer le pansement». A quelques décennies de distance, l'humoriste et la candidate EE-LV semblent donc s'accorder sur trois points. Un, le monde change; deux, les contrepèteries restent, et, trois, les économies de compresses et bandages sont toujours bonnes à prendre.

Un bon pansement vaut mieux qu'une pensée imparfaite

Dans le fond, le clivage politique de l'époque se situe peut-être là: certains pansent, quand d'autres pensent. Or n'est-il pas plus valorisant de penser que de panser? Eh bien, cela se discute. Mieux vaut une bonne choucroute qu'un mauvais caviar. De même un bon pansement vaut parfois mieux qu'une pensée imparfaite. Et c'est largement plus efficace en cas de chute ou de brûlure. Mais dans d'autres occasions, particulièrement au jeu d'échecs et dans les problèmes de robinetterie, une pensée bien construite s'avère incomparablement