Alors que la crise de l'euro secoue l'Europe comme jamais, remettant le rôle des peuples au centre du jeu, Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, tire une sonnette d'alarme. Selon lui, pousser plus loin la notion de fédéralisme «risquerait de nous faire entrer dans une "Europe post-démocratique"avec tous les risques qui en découlent».
L’Europe doit-elle aller vers plus de fédéralisme pour faire face à la crise ?
Tout dépend de ce que l’on entend par ce mot qui est ce que les linguistes appellent un «mot-valise» porteur de sens différents, surtout depuis qu’il est présenté comme la panacée contre la crise de l’euro. S’il signifie harmonisation, coordination, intégration accrue des politiques économiques, je suis d’accord. J’avais d’ailleurs proposé un équivalent de ce qui a été décidé ensuite sous le nom de «semestre européen», une synchronisation des politiques budgétaires pour favoriser l’harmonisation. C’est dans la logique du traité de Maastricht et de l’instauration de la monnaie unique. A l’époque, les Allemands ne voulaient pas d’un «gouvernement économique» et cela semblait superflu car la croissance était là. Ce fédéralisme, que l’on pourrait appeler fédéralisme économique, ne nécessite pas d’abandon supplémentaire de souveraineté mais il exige un exercice de la souveraineté en commun.
C’est vrai que l’on entend des appels au fédéralisme qui vont plus loin. Ceux qui les lancent voient la crise de l’euro comme une occasion de transférer plus de souveraineté avec, par exemple, l’instauratio