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Libération
REPORTAGE

«Tout ça risque d'être bon pour la Marine»

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Pendant toute la campagne présidentielle, Libération se penche sur l'armée des invisibles, ceux qui se sentent oubliés par la politique. Aujourd'hui, un hôtel restaurant dans un petit village du Massif central.
(Illustration Mathieu Sapin)
publié le 4 novembre 2011 à 12h05

C'est un hôtel restaurant perdu dans un village de Margeride, devant une Nationale où passent des camions. Le Puy en Velay (Haute-Loire) est à 62 kilomètres, et pour Mende, préfecture de la Lozère, il faut compter 29. Ici passaient les diligences pas loin où l'on chassait la bête (du Gévaudan). Les nuages avancent à la vitesse du vent, à toute allure, et il y a neige en hiver. Le paysage, sauvage, est pittoresque pour l'étranger, rude pour celui qui y vit. Il n'a pas plu de l'été. Les agriculteurs ont écrit des panneaux le long de la route sur lesquels ils demandent en substance: «Il est où le préfet? Et il fait quoi l'Etat?» La réponse, comme toujours, il faut la lire sous-entendue: «Il laisse crever les paysans du coin».

Dix neuf heures trente, ce mercredi soir.
Seulement deux types se tiennent au bar, les autres dînent dans la salle à manger. L'un est au Ricard, l'autre au whisky-coca- et grand verre de glaçon. Le Ricard, c'est le patron. Il parle du temps où il fut embarqué sur un porte-avion dans la marine nationale, ces années soixante-dix, où on s'amusait bien, on comptait moins les sous; c'était la pleine croissance, et dans la marine, on savait vivre. Lui, en tout cas, s'y connaissait pour «sabrer» le champagne. Doucement, la conversation glisse sur les hommes politiques.

Pas de quartier

«Avant, le député venait tous les dimanches soir, avant de partir à la gare, et prendre le train pour Paris. Il s'arrêtait souper ici». Il écoutait tout le monde, il s