On est en juin 2017 et Razzy Hammadi, tout nouveau ministre de l'Intérieur PS, frissonne malgré la chaleur orageuse qui caramélise Paris. Depuis la place Beauvau, il lui revient d'annoncer les résultats des législatives.
La réélection surprise de François Hollande à l'Elysée n'a déclenché aucun état de grâce.
Canicule et embrouillamini
Pire, une canicule précoce doublée d'une mutation des ablettes en brochets OGM a vu les pêcheurs à la ligne se presser en bord d'étang.
La situation est délicate. Le retour à la proportionnelle intégrale imposée par les écolos accouche d'un embrouillamini explosif.
Aucune majorité claire ne se dégage. Le PS et ses alliés (Verts, Modem, NPA) plafonnent à 33% des élus. La droite, malgré la réconciliation d'occasion entre libéraux européens et autoritaires souverainistes, FN compris, stagne autour de 30%.
Tout va dépendre de l'outsider Ennahda France, branche locale du parti islamiste au pouvoir en Tunisie qui sait bien qu'on ne fait pas la révolution théocratique dans un seul pays.
Ses 27 % feront et déferont les majorités, mieux que la poussière de confettis affiliés à Mélenchon, Chevènement ou Corinne Lepage.
Les politologues n'ont rien vu venir et ne comprennent pas grand-chose à ce vote composite, ni à ce parti qui sait adoucir ses virulences pour les adapter aux mœurs locales.
Charité, ordre et bienséance
A posteriori, ils pointent deux éléments déterminants. D'abord, le récent démantèlement du système de protection sociale, imposé par Bruxelles. Ennahda France y oppos