Ils parlent peu de la dette grecque, de la zone euro ou des plans d'austérité. Pour eux, la crise a d'autres mots. Ceux du quotidien. A La Courneuve, en banlieue parisienne, à Dijon ou en Bretagne, c'est l'inquiétude qui revient sans cesse. Celle de pouvoir remplir son cabas, de rembourser ses traites ou d'assurer un avenir aux enfants. Libération est allé à la rencontre de ces Français confrontés au réel de la crise et de la rigueur. Le tableau est souvent sombre, souligné par une inévitable défiance à l'égard des politiques. Il n'en est pas moins une sorte de réplique aux mesures annoncées lundi par François Fillon.
A Saint-Brieuc
«On serre les dents, ça se voit moins»
Il y a dans le café un calme inhabituel. Fillon en costume sombre parle à la télé. «Le mot de faillite n'est pas abstrait.» Au comptoir, les clients dégustent bière ou café. En silence. L'œil rivé au poste. Depuis l'écran, les mots s'envolent : «Sacrifices», «taxes», «dette»… Peu de commentaires. «Le salaire des membres du gouvernement et du président de la République sera gelé.» «Avec ce qu'il gagne», s'étrangle un homme. Sa voisine renchérit : «On peut même les congeler.» Puis le silence retombe. Ça ne fait rire personne.
Dans la région de Saint-Brieuc, personne n'a digéré les débuts bling-bling du président Sarkozy. A gauche, mais aussi à droite, on lui reproche «d'aimer le luxe» ou «d'avoir flambé dès le départ», comme le dit un agriculteur qui a voté pour lui. Alors, à la fin de son mandat, les i