Vous la sentez, l'haleine fétide du Front national sur nos nuques démocratiques? Moi, oui. La seule journée de mardi l'aura deux fois réveillée, à bon marché, à bas gain. D'abord, par la bouche de Lionnel Luca, député UMP alpin et maritime auquel ses appels au rétablissement de la peine de mort et son engouement pour le «rôle positif de la colonisation» contribuèrent à forger une nauséeuse notoriété. Réduire de 10% les revenus des députés, voilà une idée qu'elle est bonne, pour conforter le lancinant refrain du Tous pourris, et faire à la maison Le Pen des avances transparentes.
Tollé dans les rangs et surenchères démagogiques façon nuit du 4-août, «Commençons par réduire le salaire du chef de l'Etat» contre «On y songera quand les présidents des conseils régionaux auront montré l'exemple», le but était atteint, de faire ronronner Marine Le Pen.
Plus tard dans la journée, c'est le ministre de l'Economie Baroin qui allait disqualifier un peu plus la démocratie électorale en évoquant la victoire «par effraction» des socialistes aux législatives de 1997. C'est un étrange mélange de Dorian Gray et de méchanceté doucereuse que ce François Baroin. Sa gueule de gendre idéal, sa légende de fils spirituel de Jacques Chirac et sa fonction éminente dans le gouvernement, le tout lesté d¹une ambition discrètement démesurée, le prédestinent moins aux sorties de route hargneuses des Guéant, Morano ou Lefebvre qu'à de ponctuelles provocations énoncées avec