La scène est croquignolesque et sonne comme un avertissement pour les socialistes et les écologistes. Lundi, 20 heures, dans un bureau de la rue de Solférino, Christophe Borgel, proche de Martine Aubry, et Bruno Le Roux, lieutenant de François Hollande, négocient pied à pied avec leurs homologues d'EE-LV, Jean-Vincent Placé et David Cormand, les circonscriptions pour les législatives de juin. Le climat est tendu, l'accord couplé au contrat de gouvernement doit être bouclé dans les dix jours. 20 h 25. Sur l'écran de son iPhone, Le Roux regarde l'intervention de Hollande au JT de France 2. Quand vient la question sur l'achèvement de la construction du réacteur EPR de Flamanville, il invite ses interlocuteurs à écouter la réponse du candidat. «Je préserverai ce qui me paraît être un progrès, c'est-à-dire la construction d'un EPR, à la condition bien sûr que toutes les règles de sécurité soient respectées.»«Ça a jeté un tel froid qu'on a décidé de rentrer chez nous», raconte un participant.
EE-LV a fait de l'arrêt de ce chantier, au coût pharaonique, et de l'abandon de ce prototype conçu par les industriels comme une vitrine mais décrié comme obsolète et dangereux, la condition sine qua non de la signature de l'accord. Surtout après avoir déjà accepté de ne pas inscrire «la sortie du nucléaire» dans le futur document. «On est vraiment dans la merde. Hollande n'est pas anti-écolo, il est a-écolo. Et il nous parle comme Jospin dans les années 90»,