Vous avez vu François Baroin à l'Assemblée nationale? Déchaîné, avec sa voix passant du grave aux aigus à mesure de ses surenchères contre ces socialistes arrivés «par effraction au pouvoir en 1997». Pas mal non plus ces gestes amples, ces mines ulcérées surjouant l'indignation et ces doigts pointés vers le ministre au verbe coupable. Jolie bande-son aussi pour accompagner cette scène de genre: claquements de pupitre, invectives, applaudissements, rires forcés, vociférations... Une nouveauté cependant chez les turbulents députés, la boulette de papier volante. Résultat: «Séance suspendue!», a bougonné Bernard Accoyer depuis son perchoir.
De tous temps, l'Assemblée nationale a été le lieu majeur de la théâtralisation des affrontements politiques. Le mardi et le mercredi, lors de la fameuse séance des questions d'actualité au gouvernement, «la chambre» s'éclate. Et joue à plein son rôle de soupape des tensions qui parcourent le débat public et les circonscriptions des élus. Dans un vacarme que l'on devine à peine à la télévision mais qui impressionne toujours le public et le ministre novice, chacun exprime sans langue de bois ses frustrations, ses envies de pouvoir et ses flagorneries. De nos jours, on en vient fort rarement aux mains: les huissiers sont là pour s'interposer quand ils sentent un bouillant parlementaire se lever de son siège pour aller vers un collègue ou un ministre querelleur. Pas plus qu'on ne se donne rendez-vous sur le pré pour un duel. Et