L'endive est-elle de droite ou de gauche ? Voilà bien une question qui nous plonge dans des abysses d'indécision tant ce légume pâlichon et oblong pourrait aussi bien se retrouver encarté au PS qu'à l'UMP.
Le chicon, comme on l'appelle du côté de Béthune ou de Valenciennes, n'est-il pas «la Perle du nord», aussi enracinée dans le glaise ch'ti que feu la SFIO et Jules Guesde. Et c'est un légume d'autant plus socialocompatible que le béchamel et le jambon en font un gratin goûteux et accessible à tous, transcendant la lutte des classes, à la différence des cailles au foie gras sur canapé davantage réservés aux clients du Carlton de Lille.
Punition maternelle
Pourtant, dans cet indispensable débat sur l'appartenance politique de l'endive, on ne peut faire l'économie de ses penchants droitiers. Car voilà un légume à qui on impose une éducation coercitive et rigoriste sous la forme d'une culture forcée dans l'obscurité. Sans parler de ces cultures hors-sol et perfusées avec des solutions nutritives qui font de l'endive le symbole malgré elle d'un taylorisme et d'une course au profit effrénés.
Mais tout cela ne serait presque rien sans l'autre débat qui vient de s'abattre sur l'endive: celui de la rigueur. Le chicon ne supporte pas, en effet, l'austérité qui le rend encore plus fade qu'à son habitude. Souvenez-vous de la punition maternelle qu'étaient les pseudo-endives braisées -surtout bouillies - du dimanche et vous aurez une triste idée de ce qui vous attend si vous privez votre salade d'endives de