C'est une cathédrale de béton, au large de la presqu'île du Cotentin, sur laquelle se joue la conclusion d'un éventuel accord entre socialistes et écologistes. Un chantier loin d'être achevé, connu pour ses malfaçons, ses conditions de travail désolantes et les failles de sécurité pointées par les autorités de sûreté. Un projet de réacteur nucléaire né dans les années 1990, censé remplacer à terme les réacteurs anciens du parc électronucléaire français et doper le marché de l'exportation: l'EPR.
Quoi? Un seul réacteur, pas même terminé, pourrait faire capoter la discussion, quand la France compte 58 réacteurs nucléaires en activité? Un parmi d'autres, et pour lequel on a déjà tant et tant dépensé, alors que l'enjeu majeur est l'union pour battre, en 2012, Nicolas Sarkozy? Les écologistes, en plein milieu d'une crise économique et sociale d'ampleur inédite, ne joueraient-ils pas là un jeu bien dangereux? Les gens sérieux le disent déjà, et s'apprêtent à le répéter sur tous les tons: on ne va tout de même pas briser les chances de victoire de la gauche l'an prochain sur «un symbole».
Ni un gri-gri, ni un scalp
Redisons-le alors: l'EPR n'est pas un symbole. Pas un gri-gri ou un scalp que les négociateurs écologistes voudraient accrocher à leur ceinture, pour montrer qu'ils ont obtenu gain de cause. L'arrêt ou la poursuite de ce chantier est, sur bien des points, un levier et un révélateur.
Un levier, d'abord. Ce ne sont pas les écologistes qui, seuls, le disent : fidèle soutien du lobby atomiq