De la buvette à l'hémicycle, il a encore un peu de mal à trouver son chemin, cherche secours auprès des huissiers. «Heureusement, il y en a un peu partout», se réjouit Joël Labbé, nouveau sénateur du Morbihan, venu s'installer au palais du Luxembourg sous l'étiquette d'Europe Ecologie-les Verts après son élection surprise de septembre dernier.
S'il s'égare dans les couloirs, le nouvel impétrant, chaleureux en diable, connaît en revanche certains barmen par leur prénom et serre des mains à tout bout de champ. Dans son sillage, on devine quelques sourires amusés. Dans l'atmosphère éminemment feutrée et protocolaire des lieux, nul doute que ce drôle d'énergumène cherchant toutes les cinq minutes la bonne porte, détonne. Et, s'il a fait quelques concessions au costume cravate de rigueur en adoptant une veste de cuir et un jean sombre, pour le reste, il n'a rien changé : cheveux grisonnants tombant sur les épaules, boucle d'argent à l'oreille gauche et une demi-douzaine de bagouzes aux doigts. «Je ne cherche pas à choquer, se défend-il d'une voix légèrement flûtée. Mais tout ça fait partie de moi et j'ai définitivement décidé de jouer nature et d'être moi-même. Ici, même si je suis timide, je n'ai pas de complexes. D'avoir été choisi par de grands électeurs m'a donné une nouvelle légitimité et je n'ai pas l'intention de faire de la figuration.»
Lors d'une première séance, le ministre des Transports, Thierry Mariani, a pu d'emblée le vérifier. Et lever les yeux au