Elle ne descend pas pour serrer des mains, sa voiture la dépose au pied du pavillon le plus déserté de la Porte de Versailles, elle s'engouffre en silence dans l'ascenseur, jusqu'à la salle de sa conférence de presse. La pêche aux signatures, très peu pour elle. Tout juste traversera-t-elle en coup de vent le pavillon principal du salon des maires, pour rejoindre le plateau télé de la chaîne Public Sénat, sous quelques huées. Si elle a choisi le «symbolique» rendez-vous annuel pour dénoncer l'«ineptie injuste, inégalitaire et antidémocratique» des 500 parrainages nécessaires pour pouvoir se présenter à la présidentielle, Marine Le Pen doute que «ce soit le lieu approprié» pour démarcher les élus. Allez comprendre.
La présidente du Front national n'en fait pas mystère: «Si je suis ici, c'est que j'ai des difficultés.» Le parti, qui a mis sur pied «une infrastructure technique» depuis mai pour rassembler les fichiers de maires, leur écrire, les relancer, est loin du compte. «Les retours de terrain sont les mêmes qu'à la précédente présidentielle, la situation s'aggrave même», assure Marine Le Pen. Comme son père qui s'alarmait à chaque début de campagne, la nouvelle leader de l'extrême droite n'est-elle pas en train de crier au loup pour s'afficher en victime de l'UMP et du PS? «Je n'ai rien à gagner dans cette affaire, pas une voix, que de l'énergie, du temps et de l'argent à perdre», s'agace-t-elle, décrivant son