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EDITORIAL

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publié le 23 novembre 2011 à 0h00

Danielle Mitterrand était le dernier lien, fragile, ténu, avec une France qui n'existe plus. Avec des parcours politique, individuel, intime, forgés au temps de la Seconde Guerre mondiale et nourris par des combats qui, sous cette forme, ne seront plus jamais les nôtres. Avec un moment du socialisme qui désormais bascule pleinement dans l'histoire. Pour les Français, elle fut aussi pendant quatorze ans une drôle de «première dame». Comme il n'y en eut, d'ailleurs, plus depuis. Libre, très peu protocolaire, ayant sa vie propre, ses engagements, ses idéaux et ses combats, au sein de la très phallocratique Ve République. Elle était une figure pleinement politique, même si elle l'était différemment de François Mitterrand. Une femme de gauche, sans doute beaucoup plus que le Président lui-même. Une figure évidemment aussi complexe que son mari, déjeunant à l'occasion avec Bousquet mais restée toute sa vie fidèle à Castro. Affichant pour la galerie et les électeurs les apparences de la famille bourgeoise, mais vivant, en privé, les inextricables difficultés qui définissent parfois la relation d'une femme et d'un homme ; qui s'appellent aussi l'amour. Et dont les Français découvrirent la vertigineuse profondeur, et la beauté poignante, lors des obsèques de François Mitterrand. Etrangement, depuis, alors que nombre de mitterrandiens se transformaient en vétilleux gardiens du temple, elle prit le chemin inverse : regarder résolument vers l'avenir, se porter aux côtés des m