Il y a bien un consensus autour du droit de vote des étrangers entre les partis politiques français: c'est d'instrumentaliser ce débat à la veille de chaque scrutin d'importance. Depuis trente ans, il est l'objet de tous les reniements -de Mitterrand à Sarkozy-, de toutes les dérives. Cette question, à laquelle nombre de pays de l'UE ont su apporter une réponse, est en France un véritable poison politique. Qui permet aux formations politiques de jouer sur les peurs et les plus bas instincts des électeurs. Et entretient le sentiment d'être des citoyens de seconde zone chez tous ceux qui se voient stigmatisés à intervalles réguliers.
Pourquoi le droit de vote des étrangers non ressortissants de l'Europe des Vingt-Sept aux scrutins locaux suscite tant de crispations? Tout a commencé en 1981 quand François Mitterrand en fit la quatre-vingtième de ses fameuses 110 propositions, victorieuses à la présidentielle de 1981. Sous l'intitulé «Des nouveaux droits pour les immigrés», elle stipulait: «L'égalité des droits des travailleurs immigrés avec les nationaux sera assurée (travail, protection sociale, aide sociale, chômage, formation continue). Droit de vote aux élections municipales après cinq ans de présence sur le territoire français. Le droit d'association leur sera reconnu.» Mais alors qu'il aurait pu faire passer cette réforme dans les mois d'euphorie post «10 mai», il ne l'a jamais mise en œuvre. Avec cet argument répété en boucle: le pays n'est pas prêt.
Garder au chaud un si bon sujet
A la veille