Menu
Libération

La fin de l’angélisme pour les écologistes

Article réservé aux abonnés
publié le 24 novembre 2011 à 0h00

Les écologistes français viennent de perdre leur virginité politique. Jusqu’à présent, ils bénéficiaient d’un statut particulier sur la scène nationale. Il était entendu, implicitement cela va de soi, qu’ils constituaient un cas à part, aux confins de la société civile et de la société politique, entre mouvement associatif et parti. On riait de leurs éternelles querelles, de leurs débats désordonnés, de leurs initiatives parfois saugrenues mais ils avaient droit à un traitement de faveur dans la presse, dans les médias et, plus important, dans la tête des citoyens. Ils incarnaient une nouveauté, un changement, une originalité, une différence. Ils n’étaient pas très nombreux, ils n’étaient pas bien organisés, ils n’étaient pas très habiles, ils se perdaient souvent en discussions byzantines mais ils apportaient un autre regard, ils imposaient des thèmes sérieux et neufs, ils ouvraient des portes, ils faisaient du bruit comme cent. Par-dessus tout, on leur reconnaissait une spécificité précieuse : ils passaient pour des idéalistes désintéressés.

C’est ce prestige atypique et irremplaçable qu’ils viennent de perdre. La séquence lamentable des négociations électorales et programmatiques avec les socialistes a ressemblé à un masque que l’on ôtait. On les croyait idéalistes, on les a découverts cyniques, on les espérait désintéressés, on les a constatés prosaïques. Comme au même moment la terrible Eva Joly a pris ostensiblement ses distances au nom de convictions respectables mais