Quand il est arrivé aux affaires, quatre ans plus tôt, «toutes les caisses étaient vides, l'alarme était générale et la confiance détruite». Et ça n'est pas allé en s'arrangeant: «Le déficit annuel est très considérable. Son origine est fort ancienne. Le déficit en France existe depuis des siècles. Ses progrès sont devenus effrayants.» Il est temps d'agir pour le gouvernement. Mais l'Etat reste coincé entre deux écueils. «Toujours emprunter ferait aggraver le mal et précipiter la ruine de l'Etat; imposer plus serait accabler les peuples que le roi veut soulager.» Le roi? Il s'agit de Louis XVI... Car ces propos que ne renieraient sans doute ni François Fillon ni Valérie Pécresse ont été tenus en 1787 par leur lointain prédécesseur, Charles-Alexandre de Calonne.
A 53 ans, Calonne est au sommet de sa carrière: depuis 1783, il est contrôleur général des finances et ministre d’Etat. Mais il est contesté. Les finances du Royaume de France sont un puits sans fonds, vidées notamment par la très coûteuse guerre d’indépendance américaine. Calonne convainc alors le roi de mettre en place une grande réforme fiscale. Mais il lui faut pour cela consulter.
C'est donc à Versailles, devant l'Assemblée des notables, qu'il prononce, le 22 février 1787, le discours dont sont extraites ces citations qui résonnent tant avec notre actualité. Car, n'était-ce le langage, on croirait entendre un membre du