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«VU DE»

Franco contre le délit de faciès

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La Présidentielle 2012 vu de..dossier
Pendant toute la campagne, «Libération» s'invite dans le quartier parisien de la Goutte-d'Or. Portraits.
Le quartier de la Goutte d'Or, à Paris (XVIIIe), en novembre 2011. (Photos Bruno Charoy)
publié le 29 novembre 2011 à 16h26

La Goutte-d’Or est un quadrilatère du XVIIIe arrondissement de Paris, qui compte 23 190 habitants, d’après l’Insee, dont 34 % d’étrangers. Le revenu des ménages y est deux fois moins élevé que la moyenne parisienne.

Le contrôle au faciès, il connaît «pratiquement depuis le berceau». Il sourit. «On le subit. On le prend comme acquis, immuable. On n'a jamais pensé à changer ça». Franco parle doucement mais les mots sont fermes. Noir, habillé d'un tee-shirt noir siglé Brigade Anti Négrophobie, il s'adresse ce soir de novembre à une centaine de personnes serrées et solidaires, à l'Institut des cultures d'Islam, rue Léon, au cœur de la Goutte-d'Or. Il fait partie du «collectif contre le contrôle au faciès» qui fait campagne pour mettre fin aux contrôles policiers abusifs. Selon une étude menée par le CNRS, à Paris, un Noir a six fois plus de risques d'être contrôlé par la police qu'un Blanc, un Arabe (ou perçu comme tel) presque 8 fois plus.
Franco a quarante ans, il est éducateur spécialisé. Il habite à Cergy dans le Val-d'Oise, il a grandi en partie à Stains, en Seine-Saint-Denis. Dans le genre de cités de banlieue où «on expérimente une vie d'exclus, de reclus». La Goutte d'Or était l'un de ses quartiers d'adoption à Paris, le fast-food KFC du métro Château-Rouge, l'un de ses QG.

«Notre pain quotidien»

Dès l'adolescence, les contrôles d'identité lui pleuvent dessus. Des souvenirs? Il y en a des tonnes; impossible d