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Libération
Chronique-fiction

Le jour où... les Français redeviendront des veaux

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Tous les mardis pendant la campagne électorale, Luc Le Vaillant réinvente la politique dans une chronique d'anticipation.
publié le 29 novembre 2011 à 12h08

On est le 22 avril 2012 et le premier tour de la présidentielle vient de livrer un verdict attendu. Hollande et Sarkozy seront au second tour et le match s'annonce serré.

Malgré la frénésie usuelle de ces dimanches soirs et les péroraisons habituelles des lieutenants des deux survivants, les invités télés font la tête, tous partis confondus.

Ils ont beau donner le change, ils portent le masque. Ils sont soufflés par l'ampleur de la déflagration. Se refusant à évoquer le séisme comme si le déni permettait de retarder l'effet de souffle, ils continuent à ânonner du Sarko-Hollande tout en remâchant un chiffre qui signe la fin d'un système. Ou si vous préférez qu'on détourne des termes du moment: la fin d'un mode de vivre ensemble, la fin d'une façon de faire nation.

60% des Français se sont dispensés d'isoloir. Près de deux citoyens sur trois se sont abstenus.

Une désertion jamais vue. Comme si tout ce cirque démocratique, cette farandole de délégation de pouvoir, cette cristallisation de l'opinion étaient désormais sans objet.

Voter avec ses pieds... ou comme un pied?

Car, ce dimanche 2012, il ne s'agit pas d'un référendum sur une question annexe ou d'un scrutin régional, mais de l'élection reine.

Il s'agit de choisir le roi républicain d'un pays recuit dans sa vénération- détestation du satrape solitaire qu'il va pouvoir sadiser cinq ans durant.
Eh bien, même pour cette élection chérie, le peuple autoproclamé le plus politique de la planète, a voté avec ses pieds.

Ce qui lui a évité de voter comme un pi