Menu
Libération
BILLET

Sous ses airs de rien, Claude Guéant...

Article réservé aux abonnés
Avec «Dégage!», Pierre Marcelle s'invite pendant la campagne présidentielle au gré de l'actualité.
publié le 29 novembre 2011 à 10h58

Ca marche comme ça, la mort de la démocratie... A tout petits coups, ténus et discrets, à tout petits pas qui se recommencent, au point qu'on n'entend plus le bruit de fond qu'ils font. Loin des saillies franches comme des coups de matraque idéologiques et des provocations sonores comme des fanfares militaires, des mots, autrement insidieux dans leur anodine apparence, font bien mieux leur office. C'est à cette fin que Claude Guéant, fourrier frontiste de la place Beauvau, les banalise à l'envi.

Mardi, l'homme sombre exploitait le registre funèbre de certain fait divers advenu du côté de Vitrolles. La télé du soir, à l'heure des informations, rapportait ses dires dans les micros du jour, et cela donna ceci: «Inutile de dire que les collègues de la P. J. mettront tout en oeuvre afin de...» Ainsi le bien surnommé «premier flic de France» perçut-il, dans les fonctionnaires de la Police judiciaire, des «collègues».

Cette énormité, énoncée sans vergogne et comme en passant, bafoue la séparation des pouvoirs. Elle constitue au mieux une bavure et au pire une faute, mais s'en rendit-il seulement compte, Claude Guéant ? A ce stade, identifier dans son propos un coup de vice ou une irresponsable inconscience importe peu. Ce qui importe, ce qui importe vraiment, c'est qu'on a failli ne pas l'entendre. Vous l'avez entendu, vous ?

<