Jérôme Fourquet, directeur du département Opinions et Stratégies d’entreprise à l’Ifop, note une résistance des Français à un nouveau pas dans l’intégration européenne.
La France va-t-elle rejouer en 2012 son débat de 1992 sur le traité de Maastricht ?
Beaucoup de choses ont changé maintenant que l’euro est dans la poche des Français. Il y a vingt ans, l’affrontement était entre tenants du fédéralisme et tenants des Etats nations, c’était une affaire de projets de société. Aujourd’hui, plus d’Europe est vécu comme plus de sacrifices et plus de rigueur. Les thèmes qui dominent sont le libéralisme économique, la mondialisation, la menace sur le modèle social français. Face à la crise de la dette, on retrouve donc le schéma «France d’en haut» contre «France d’en bas» déjà constaté lors du référendum sur Maastricht, mais aussi sur la Constitution européenne en 2005. Les catégories défavorisées sont dans le camp du non car elles refusent de payer pour les autres, d’être solidaires avec un pays en faillite comme la Grèce.
Quelles autres similitudes ?
Comme en 1992 et en 2005, il y a un discours dominant, un «cercle de raison» pour reprendre le terme d'Alain Minc, qui prône le renforcement de l'intégration européenne afin de régler la crise. Cette voix du «bon sens» l'a emporté sur Maastricht, mais pas sur la Constitution européenne, rejetée par les Français. Signes inquiétants pour nos actuels gouvernants, un de nos tout derniers sondages (1) montre un basculement de l'opinion : 57% des Français disent maintenant souhaiter, «au fond d'eux-mêmes», que chaque pays garde sa propre politi