Un vent mauvais a commencé à souffler sur la campagne présidentielle. Le bras de fer franco-allemand autour de la crise de l'Europe et de l'euro en est le prétexte, qui a suscité un déferlement de critiques contre Angela Merkel. A tel point que, vendredi, François Hollande a dû solennellement appeler l'un des siens, Arnaud Montebourg, à ne «ranimer, en aucune façon, des relents et des sentiments anti-allemands».
Défense. Tout a commencé mercredi par une déclaration toute en nuance du troisième homme de la primaire socialiste. Fustigeant la volonté de la chancelière de «tuer l'euro», il l'a accusée de pratiquer «une politique à la Bismarck». Et de prôner une «confrontation politique face à l'Allemagne». Pour sa défense, Montebourg a expliqué qu'il n'avait fait qu'employer une expression utilisée au printemps par Sigmar Gabriel, président des sociaux-démocrates allemands… devant les socialistes français. Rien de grave donc, à ses yeux, que de stigmatiser le chancelier au pouvoir lors de la guerre franco-prussienne de 1870 et architecte de l'unité de l'Allemagne au XIXe siècle.
Vendredi matin, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'est engouffré dans la polémique pour pointer l'irresponsabilité du PS :«Par pure tactique politicienne, avec pour seul objectif l'affaiblissement du président français, les socialistes prennent le risque de ressusciter en France les vieux démons de la germanophobie.»