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TRIBUNE

Ce qu’ambitionne en vérité l’Allemagne

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par Antoine Vauchez, Directeur de recherche au CNRS, Centre européen de sociologie et science politique (CESSP)
publié le 6 décembre 2011 à 0h00

Faut-il qu’à la faveur de la crise, se redessine l’équilibre de la démocratie européenne ? La question est posée alors que les apprentis sorciers de l’ingénierie institutionnelle européenne se remettent une nouvelle fois à l’ouvrage communautaire. L’enjeu politique est aussi simple que crucial : puisqu’il s’agit désormais d’assurer une nouvelle discipline budgétaire, qui doit en être le «garant» en dernier ressort ?

Disons-le d’emblée : le gouvernement allemand a pris en la matière une longueur d’avance. Non pas du fait de l’improbable retour d’une «volonté de puissance», mais tout simplement parce qu’à l’inverse du gouvernement français qui campe un pragmatisme peu inspiré, le gouvernement allemand et l’Union chrétienne-démocrate (CDU) ont posé depuis plusieurs mois déjà les jalons d’un ambitieux projet européen.

Angela Merkel l’a dit dès septembre devant les parlementaires chrétiens-démocrates et n’a cessé de le répéter depuis : la politique budgétaire des Etats devra être placée sous le contrôle des juges de Luxembourg qui sanctionneront désormais les Etats «défaillants» (par exemple en les privant du bénéfice des «fonds structurels»). Nul ne sait d’ailleurs si la Cour de justice elle-même souhaite se voir accorder un tel rôle politique, elle qui s’est jusqu’ici prudemment refusée à toute ingérence dans la «liberté d’appréciation» du Conseil de l’Union européenne quant au respect du Pacte de stabilité. Mais peu importe en l’occurrence, car la direction est donnée qui confir