Ami(e)s de l'andouillette, il est temps de faire taire une homonymie nuisible à la plus illustre de nos charcuteries françaises. On veut parler ici de cette affreuse notation financière qu'est le triple A ( prononcez "AAA") et dont le rabâchage quotidien jusqu'à l'écœrement fait un très grand tort au seul label digne d'associer la première lettre de l'alphabet: le diplôme AAAAA délivré par l'association amicale des amateurs d'andouillette authentique -encore appelée 5 A- aux plus méritants de nos charcutiers.
Quand les agences Moody's, Standard and Poor's et Fitch ont les yeux rivés sur nos dettes et n'en finissent pas de nous menacer de rétrogradation, les goûteurs de la 5A, eux, dégustent en aveugle les plus beaux spécimens d'andouillettes de Troyes, de Cambrai et d'ailleurs et récompensent les plus délectables pour le plus grand plaisir de nos papilles.
Diplôme orné de petits cochons
Les lauréats se voient remettre un diplôme orné de petits cochons conçu par Henri Monier, dessinateur au Canard enchaîné. «Pas davantage que ceux du Goncourt ou du Festival de Cannes, les jurés n'ont à justifier de la sélection des produits goûtés, ni de leur décision finale. Ils acceptent cependant de commenter leur choix et d'expliquer personnellement aux intéressés les raisons pour lesquelles un diplôme sollicité n'a pas été décerné», peut-on lire sur le site de l'association (1).
La dénomination AAAAA, c'est tout le contraire du sinistre AAA: avec la première, il s'agit de s'en foutre jusqu'à là avec la tripe de