Professeur à l’Institut universitaire de hautes études internationales à Genève, Charles Wyplosz dénonce le danger de l’austérité en période de récession.
Va-t-on vers plus de rigueur après la menace de Standard & Poor’s et l’accord Sarkozy-Merkel ?
Cet accord est une tentative allemande d’imposer à la zone euro toutes sortes d’autotortures et de punitions instantanées. Sarkozy, lui, se satisfait que le couple franco-allemand donne l’image d’une orientation vers la rigueur et fournisse ainsi un prétexte à la Banque centrale européenne (BCE) pour intervenir. La BCE ne veut pas donner l’impression de raser gratis. D’où la surenchère des promesses à laquelle on assiste.
De fait, seule la BCE détient la solution à cette crise. Mais elle doit agir de façon massive. Pourvu que l’Allemagne regarde enfin la réalité en face !
Ne croyez-vous donc pas à l’effet de graver la rigueur dans le marbre des traités ?
Depuis le début de la crise, rien de ce que disent Nicolas Sarkozy et Angela Merkel n’a eu lieu ! Je ne crois pas que le traité européen puisse être révisé d’ici à mars. Une révision aussi fondamentale - faire sauter la souveraineté budgétaire des Etats - ne se négocie pas en trois mois.
Mais demain et vendredi, à Bruxelles, le sommet européen sera sous le couperet des agences de notation…
C’est une excellente chose ! Ecoutons les marchés : ce qu’ils veulent, c’est de la croissance. Il est catastrophique de s’astreindre à des cures