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TRIBUNE

Droit de vote des étrangers : pour une gauche décomplexée

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Débats . Cette question pourrait redonner un élan au PS et permettre de redéfinir la citoyenneté européenne.
par Eric Fassin et Michel Feher, Philosophe membre du collectif Cette France-là
publié le 8 décembre 2011 à 0h00

En matière d’immigration, alors que la droite s’est lancée dans une fuite en avant vertigineuse, qui la précipite chaque jour davantage vers l’abîme de l’extrême droite, la gauche doit aujourd’hui choisir entre trois stratégies. La première se contente d’offrir une version atténuée de la politique actuelle. C’est ainsi qu’en 2007, sans contester la logique du «cas par cas», Ségolène Royal proposait seulement de lui donner un visage plus humain. Au nom du réalisme, voire des classes populaires, c’était reconnaître que la droite pose les bonnes questions.

La deuxième, qui a prévalu lors de la primaire socialiste de 2011, consiste à éviter le sujet, pour ne pas se laisser entraîner sur les thèmes de l’adversaire. Il est vrai que l’immigration n’est nullement une préoccupation prioritaire des Français : les études d’opinion le confirment mois après mois, ceux-ci s’intéressent bien plus à l’emploi, au pouvoir d’achat et aux inégalités, domaines de prédilection de la gauche. Reste que ces deux options se rejoignent sur un point : il n’y aurait rien à gagner à s’opposer frontalement à la droite sur l’immigration.

Une troisième stratégie est d’actualité : elle se joue autour du droit de vote des étrangers. Au lieu de suivre la droite sur son terrain, ou de le lui abandonner, il est possible de le lui contester en tenant sur l’immigration un discours proactif, et non réactif. Certes, nombre de commentateurs autorisés, guère accoutumés à pareille audace, s’inquiètent : la Droite populai