D’abord affaiblir la base. Multiplier les auditions de témoins. Puis s’approcher doucement du sommet. En plaçant en garde à vue, hier matin, l’ancien ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres - «RDDV» pour les intimes -, les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, tous les deux en charge du volet financier de l’affaire Karachi, ont franchi un palier dans l’échelle des responsabilités. Depuis septembre 2010, les magistrats traquent d’éventuelles rétrocommissions versées dans le cadre de contrats d’armement signés fin 1994 et ayant servi à financer illégalement la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995. Ils ont déjà mis en examen Ziad Takieddine, l’intermédiaire franco-libanais, pour «complicité et abus de biens sociaux». Ils ont également décidé de poursuivre Nicolas Bazire, l’ancien directeur de cabinet d’Edouard Balladur, et Thierry Gaubert, membre du cabinet de Nicolas Sarkozy, ministre du Budget à la même période.
«Corruption». Avec Donnedieu de Vabres, la justice vise maintenant le conseiller spécial de François Léotard au ministère de la Défense entre 1993 et 1995. Donnedieu de Vabres était alors aux premières loges pour régler les deux contrats d'armement suspects : la vente de sous-marins au Pakistan (le contrat Agosta) et celle de frégates à l'Arabie Saoudite (Sawari II). Deux marchés qui auraient donné lieu à des versements de commissions et, surtout, de rétrocommissions. Outre ses activités de conseiller de Léotard, les enqu