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Libération
Interview

Cette condamnation rappelle qu’il existe des règles»

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Pierre Lascoumes. Sociologue et docteur en droit:
publié le 16 décembre 2011 à 0h00

Docteur en droit et diplômé en sociologie, Pierre Lascoumes est directeur au Centre d'études européennes de Sciences-Po à Paris. Il a coordonné un ensemble d'enquêtes sur les représentations sociales de la corruption, publiées dans un ouvrage intitulé Favoritisme et Corruption à la française. Petits arrangements avec la probité.

Que vous inspire la condamnation de Jacques Chirac ?

Avant même le jugement, le déroulement du procès de Jacques Chirac avait donné un signe fort… Il s’était déroulé de façon sereine et est allé à son terme malgré les différentes manœuvres dilatoires des parties visées et du parquet. Aujourd’hui, la sanction qui a été prononcée contre l’ancien président de la République constitue une sorte de piqûre de rappel pour l’ensemble de la classe politique sur les questions de probité publique. Beaucoup de gens ont pensé ou voulu faire croire que ce procès était inutile. Ils avaient tort. Il a montré que les élites, jusqu’au chef de l’Etat, sont responsables des fonds publics et qu’ils ne peuvent indéfiniment refuser d’assumer. La condamnation de Jacques Chirac rappelle à l’ancienne et à la nouvelle génération politique qu’il existe des règles.

Considérez-vous que la «nouvelle génération» à laquelle vous faites allusion est plus transparente que l’ancienne ?

D’après mes travaux, il est encore trop tôt pour le dire clairement. Il va falloir observer attentivement le fonctionnement des nouvelles générations. Cela dit, ils n’ont pas été «socialisés» de la même façon que leurs aînés. Ils ont également compris que le coût de la transgression pouvait être fort. Je pense qu’il existe des possibilités de changement des mental