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Libération
Interview

Il faut se doter de codes de conduite pour les politiques»

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Yves Mény. Chercheur et ancien directeur de l'Institut Universitaire Européen:
publié le 16 décembre 2011 à 0h00

Professeur, ancien directeur de l'Institut universitaire européen de Florence, Yves Mény a publié de nombreux ouvrages, dont la Corruption de la République et Démocratie et Corruption en Europe.

Au-delà de la peine, quelle signification donnez-vous à la condamnation de Jacques Chirac ?

Une signification profonde ! Le tribunal a reconnu hier qu’il y a eu détournement de fonds, prise illégale d’intérêt ou financement illicite de parti politique… C’est extrêmement important. Mais ce jugement pose une question essentielle, celle de l’irresponsabilité pénale du chef de l’Etat durant ses fonctions. Le fait que Jacques Chirac soit condamné quinze ans après les faits prouve que ce système n’est pas bon. Dans la vie pénale, il y a un temps pour la sanction et un temps pour le pardon. Là, la sanction intervient à un moment où devraient s’accomplir l’oubli et le pardon. D’où l’embarras que suscite le jugement. Le décalage entre le temps de la politique et le temps de la justice, tels qu’ils ont été imposés, est extrêmement regrettable. A ce sujet, on peut mettre en parallèle la situation de Jacques Chirac et de Silvio Berlusconi en Italie. Certes, les faits n’ont strictement rien à voir, mais dans les deux cas ils se sont servis de leur mandat pour éviter de devoir affronter la justice.

Quelles sont les solutions ?

L'irresponsabilité pénale est un héritage du XIXe siècle. La Charte de 1825 affirmait que la personne du roi est inviolable. Il en est resté quelque chose… Le système doit changer. Je propose, par exemple, la suspension des procédures le temps d'un mandat seulement.