Comme si nos auteurs étaient sortis d’une (très) longue période d’hibernation, voilà qu’en l’espace d’un an, le cinéma et le théâtre français ont décidé de s’attaquer à cette face nord de la fiction contemporaine : la politique.
Au cinéma, le film l'Exercice de l'Etat, de Pierre Schoeller, s'est imposé comme une référence, reléguant la pauvre Conquête, de Xavier Durringer, à un livre d'images caricaturales et de répliques attendues, puisque déjà connues. Au théâtre, Jean-Michel Ribes, patron du Rond-Point, a monté, au mois de septembre, une opérette pour balancer une charge assez réjouissante contre le sarkozysme ambiant.
Le jeune auteur et metteur en scène Yann Reuzeau, 32 ans, a, lui, fait un choix radical : Chute d'une nation est une pièce de théâtre en quatre épisodes (une heure et demie chacun), relatant une campagne présidentielle française. De la primaire socialiste jusqu'au deuxième tour de l'élection. Son projet est doublement audacieux. D'abord par son sujet : saisir à bras-le-corps le discours et l'action d'un homme politique français, dans une réalité concrète, presque documentaire. Ensuite par sa forme. L'actuel codirecteur du petit théâtre de la Manufacture des Abbesses, à Paris, a écrit un objet hybride étonnant : une série télévisée théâtrale.
Comment est née cette idée de série théâtrale pour raconter une campagne électorale ?
Cela remonte à loin. Depuis que j’ai appris au collège que Hitler est arrivé démocratiquement au pouvoir, je trouve fascinante l’idée qu’une démocratie puisse s’effondrer sur elle-même en quelque