«Objectif urnes», titrait Libération le 23 décembre 2006, huit jours avant la clôture des inscriptions sur les listes électorales et six mois avant la présidentielle de 2007. Rebelote avant le rendez-vous de 2012. La faute à cette trêve des confiseurs qui virerait au cauchemar pour journalistes en manque d'inspiration ? Sûrement pas.
La défiance à l’égard de la politique est un mal qui ronge la société française depuis de trop longues années. Elle ne date ni de la crise économique actuelle ni, bien sûr, de l’avènement du sarkozysme. Mais ce cancer antidémocratique continue de prospérer tranquillement. On s’étonne, du coup, de l’absence d’une grande campagne gouvernementale d’information pour appeler ces «invisibles» à s’inscrire sur les listes électorales et à choisir le vote pour se faire entendre. La réduction des budgets de com de l’Etat serait-elle si drastique que même les appels au civisme en ont fait les frais ? Bien sûr que non. Le changement de climat, en tout cas, est frappant par rapport à 2007 : aux larges échos donnés au travail des associations qui se relayaient sur le terrain pour inciter exclus et jeunes à s’inscrire a succédé une assourdissante indifférence, y compris à gauche.
A l'époque, le souvenir du 21 avril 2002, encore vivace, avait contribué à mobiliser les résignés du vote. Ce traumatisme ne joue plus. Le danger Front national est, pourtant, au moins aussi important. Mais, en multipliant les sorties contre les étrangers (lire aus