Ils se sentent un peu seuls en cette veille d'élection présidentielle. Début novembre, l'association AClefeu (Association Collectif Liberté, Egalité, Fraternité, Ensemble, Unis), née après les émeutes de 2005 en banlieue pour inciter les jeunes de quartiers défavorisés à transformer leurs revendications en gestes politiques, est repartie en campagne. Un clip, un happening médiatique à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qui a rassemblé des noms du show-biz, dont Jamel Debbouze, et une tournée plus discrète en France, dans les quartiers et les lycées pour inciter jeunes (et moins jeunes) à s'inscrire et, surtout, à aller voter. Sur ce terrain, le président d'AClefeu, Mohamed Mechmache, note avec amertume qu'ils n'ont pas croisé beaucoup de relais politiques et institutionnels. «Où sont-ils sur ce sujet ? Il n'y a eu cette année aucune communication de l'Etat pour l'inscription sur les listes électorales.»
Mohamed Mechmache a le sentiment que les responsables politiques «de toutes tendances n'ont pas vraiment envie que les gens s'inscriventet votent». Il pense particulièrement aux habitants des quartiers populaires : «Cet électorat potentiel fait peur parce qu'il n'appartient pour l'instant à personne. Les politiques sont rassurés par ce qu'ils connaissent.» La droite, selon lui, n'a pas grand intérêt à ce que ces quartiers se mettent à voter. A gauche, «c'est plus compliqué, ils ont tendance à considérer que cet électorat est acquis».<