Jean-Yves Dormagen est directeur du département de sciences politiques à l’université de Montpellier-I. Il est spécialiste de l’abstention dans les milieux populaires.
Quelle est la proportion de non-inscrits sur les listes électorales ?
Aujourd’hui, on compte environ 6% de non-inscrits. C’est un niveau historiquement très bas. Deux raisons principales : l’inscription d’office des jeunes qui ont accompli à 16 ans leur Journée défense et citoyenneté et la formidable vague d’inscription sur les listes enregistrée lors de la dernière élection présidentielle. Mais ce taux de 6% de non-inscrits est un trompe-l’œil. Il masque de fortes disparités sociales et territoriales : dans les quartiers les plus populaires, la non-inscription peut concerner jusqu’à 15% des citoyens français en âge et en droit de voter. Et, surtout, il masque un phénomène tout à fait déterminant : la «malinscription». Par ce terme, on désigne les électeurs qui ne se sont pas réinscrits après un déménagement. Ils sont de plus en plus nombreux : entre le quart et le tiers des inscrits dans les différents bureaux de votes que nous étudions. Ce phénomène concerne tous les milieux. Si on cumule non-inscription et malinscription, plus du tiers des Français ne sont pas en situation de voter au bureau de leur quartier de résidence.
La participation avait été très forte en 2007. Peut-on parler d’un réveil politique ?
Non. La présidentielle de 2007 représente un épisode contre-cyclique à l’intérieur d’un cycle de basse mobilisation qui débute à la fin des années 80. Depuis, à tous les scrutins, nous avons battu le record historique d’abstention. Aux municipales de 2008, aux