Il y a deux ans, le gouvernement grec annonçait que son déficit et son endettement étaient bien plus élevés que ce que l'on croyait, déclenchant un processus qui n'est toujours pas terminé: la crise de la zone euro, qui nous promet une récession pour l'année prochaine et fait que le scénario d'un éclatement de l'euro, autrefois inconcevable, est aujourd'hui possible. Comment des difficultés dans un pays représentant moins de 3% du PIB de l'Eurozone ont-elles pu avoir un tel effet dévastateur?
Plusieurs facteurs ont conduit la crise grecque à prendre une telle ampleur. Mais le premier d'entre eux a été la décision, intervenue début 2010, de faire de la crise grecque une affaire européenne. Cela, après tout, n'avait rien d'impératif: l'union monétaire européenne avait été explicitement conçue en excluant toute forme d'union budgétaire ou de soutien entre gouvernements. La procédure normale, pour la Grèce, aurait dû, comme cela est arrivé à bien d'autres pays, à faire appel au FMI, comme l'ont fait les pays victimes de la crise asiatique. Si le gouvernement grec n'en avait pas voulu, il s'agissait d'un problème entre lui et ses créanciers, à régler directement, éventuellement par un défaut partiel négocié avec eux.
Mais les gouvernements et institutions européennes en ont décidé autrement. Lorsqu'en 1975 le maire de la ville de New York, proche de la faillite, avait demandé un sauvetage du gouvernement américain, il avait essuyé un refus direct. «Ford to city : drop dead»