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Analyse

La manipulatrice. Marine Le Pen, le salaire de la peur

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publié le 27 décembre 2011 à 0h00

«Comme l'ont confirmé toutes les études, 1% d'immigration en plus, c'est 1,2% de salaires en moins.»
Marine Le Pen le 11 mars, lors d'un meeting à Bompas  (Pyrénées-Orientales)

Marine Le Pen le répète : le «FN nouveau» qu'elle entend propulser au pouvoir est un parti sérieux, qui se nourrit de travaux d'experts. Y compris sur l'immigration. Sur BFM TV, le 14 février, elle déclare : «Il y a un rapport du Conseil d'analyse économique qui date de juin 2009 et qui dit que la hausse de 1% de l'immigration entraîne la baisse de 1,2% des salaires.» Puis, le 11 mars, en meeting à Bompas (Pyrénées-Orientales), elle reprend l'idée, en élargissant : «Comme l'ont confirmé toutes les études, 1% d'immigration en plus, c'est 1,2% de salaires en moins.»

Le chiffre que cite la présidente du FN se trouve bien dans un rapport du Conseil d'analyse économique de juin 2009, sur l'impact économique de l'immigration, qui consacre quelques pages aux études empiriques. Dont celle des économistes américains Altonji et Card (1991), qui aboutissent à la conclusion qu'une hausse du nombre d'immigrés correspondant à 1% de la force de travail totale (ce qui n'est pas la même chose qu'une «hausse de 1% de l'immigration», comme le simplifie Le Pen) réduit de 1,2% le salaire des moins qualifiés (et pas les salaires en général), et réduit le taux de chômage de 0,25% (ce dont Le Pen ne parle pas).