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Libération
CHRONIQUE-FICTION

Le jour où... les Français auront la banane

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Tous les mardis pendant la campagne électorale, Luc Le Vaillant réinvente la politique dans une chronique d'anticipation.
(Reuters)
publié le 27 décembre 2011 à 18h13
(mis à jour le 28 décembre 2011 à 12h13)

On est au lendemain de Noël 2012 et les résultats du sondage BVA-Gallup sur le moral comparé des pays de par le monde viennent de tomber.

A la surprise générale, les Français virent radicalement leur cuti.

Fin 2011, ils jouaient les pleureuses en chef, menant le peloton des Lola catastrophées au rimmel coulant sur des joues hâves et mal rasées.

Cassandre en chef, ils voyaient tout en noir, plongeant au plus profond du marasme, désespérés comme jamais depuis trente-cinq ans que cette enquête existe.

Côté noirceur, ils devançaient d'une bonne longueur l'Irlande, l'Autriche et la Belgique, autres contrées européennes cauchemardant un déclin autoréalisateur.

Un an plus tard, question optimisme, les Français sont les ravis de la crèche. Et en remontreraient même aux Africains, leaders du «tout va bien», qui partent de si loin qu'ils ne peuvent s'empêcher de fredonner, avec Jacques Higelin, un évident: «C'est dur aujourd'hui peut-être/ Demain, ce sera vachement mieux.»

Ronchons aigres très cornichons

Mais comment se fait-il que nos braves compatriotes, râleurs fatigués et transis, ronchons aigres très cornichons de fond de bocal, sales types apoplectiques et apocalyptiques aient enfin rejeté derrière l'épaule l'écharpe tissée de mélancolie qu'ils accrochaient au plafond de leur ennui pour s'y pendre haut et court.

En cette fin 2012, les critères économiques n'incitent pourtant pas à l'euphorie. La récession joue au yoyo avec le zéro d'une croissance-oripeau. Le taux de chômage flirte avec