Il était «Cardinal» ou «vice-Premier ministre». Comprendre numéro 2 dans l'organigramme de la maison France. Juste en dessous (ou à côté) du chef de l'Etat. Depuis le 27 février 2011, Claude Guéant est ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l'Immigration. Mais en réalité surtout de l'immigration. A presque 67 ans (il les aura le 17 janvier), il revient dans la maison qui l'a vu naître et l'a formé : place Beauvau. Le premier flic de France n'a jamais aussi bien porté son nom. Ce devait être pour lui une consécration, ce sera un feu d'artifice. Le 17 mars : «Les Français, à force d'immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux.» Le 21 mars, à propos de la guerre en Libye : «Heureusement, le Président a pris la tête de la croisade…» Le 4 avril, sur la pratique de l'islam : «L'accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème.» Jusqu'au 11 décembre, où l'on apprend que les étrangers résidant en France doivent respecter «ce qui a fait l'art de vivre français, comme les civilités, la politesse, la gentillesse». Entre-temps, Marine Le Pen lui aura dit «merci». Ni dérapages ni maladresses, les sorties de Guéant labourent consciencieusement les terres frontistes. Avec un mélange de cynisme et de conviction. Le tout enrobé du silence approbateur de Nicolas Sarkozy. «Guéant fait le job», se réjouit-on à l'Elysée. Et personne
Portrait
Un premier flic qui monte au front
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par Grégoire Biseau
publié le 30 décembre 2011 à 0h00
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