Il est minuit passé, le 16 novembre. Depuis plus de dix heures, Frédéric Aucher, ancien secrétaire général de la campagne d’Edouard Balladur, est en garde à vue. Et doit fouiller sans relâche dans ses souvenirs pour répondre aux questions pressantes des policiers. Ils cherchent à déterminer la provenance des 10 millions de francs en liquide déposés sur les comptes de campagne de Balladur le 26 avril 1995, soit trois jours après le premier tour de l’élection perdue par l’ex-Premier ministre. Mais aussi sur celle des cinq autres millions, toujours en liquide, déposés pendant la campagne. De l’argent qui pourrait venir de rétrocommissions issues des contrats d’armement avec le Pakistan et l’Arabie Saoudite.
«Stand». Frédéric Aucher n'en sait rien. Il le dit. Le répète. Il n'a jamais vu de liquide au QG de campagne. Mais à l'issue de sa garde à vue, devant les documents rassemblés par les enquêteurs, cet ancien gendarme de 66 ans est atterré. «Au vu de ce que vous m'avez présenté, pour moi, avoir mené une campagne de cette manière-là, c'est de l'amateurisme…» D'après les procès-verbaux d'audition que Libération s'est procurés, Aucher n'est pas le seul membre de l'équipe de campagne de Balladur à avoir été interrogé ces dernières semaines. Après Jean-Charles Brisard, responsable des comités de soutien au sein de la cellule jeune, entendu comme témoin, Jean-Claude Aurousseau, ancien président de son association de financement (l'Aficeb), a été pla