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Libération
TRIBUNE

Le vrai débat sur l’affaire Chirac

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publié le 5 janvier 2012 à 0h00

La condamnation d’un ancien président à une peine de deux ans de prison avec sursis pour abus de confiance, détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts n’est pas scandaleuse mais triste. La position du parquet n’est ni l’une ni l’autre. Partie au procès, le parquet représente la société. Il dépend, soit du corps électoral, comme aux Etats-Unis, soit du pouvoir exécutif, représenté en France par un gouvernement élu. Le fait de prendre une position défendable et favorable au sort d’un ex-chef de l’Etat est parfaitement acceptable. En France, la justice n’est rendue ni par le parquet ni par la défense, mais par les juges du siège. Et ces juges ont montré qu’ils étaient indépendants puisqu’ils ont rendu la décision que nous connaissons. Une dispense de peine aurait-elle été plus élégante pour manifester cette indépendance de la justice ? Les juges ont aussi dû prendre en compte la dommageable condamnation antérieure d’ex-collaborateurs du Président. L’ancien chef de l’Etat a considéré avec courage qu’il fallait en rester là.

Selon le lieu commun le plus démagogique, cette condamnation est tardive. Ce procès aurait-t-il dû se tenir en plein mandat de Chirac dans des moments où, approuvé par les Français, il prit des positions capitales pour la France et le monde, ainsi lors de la deuxième guerre d'Irak ? Quel intérêt pour la République d'une perturbation de son mandat par cette procédure qui témoigne de mœurs passées sans doute discutables mais moins graves que ce q