Dans le corps du président de la République, il y a deux personnes : la personne publique et la personne privée. Devenir président ne supprime pas la personne privée. Devenir président n’est pas acquérir un bouclier pour protéger la personne privée. Devenir président ne fait pas disparaître l’homme. Bref, la fonction présidentielle n’avale pas l’homme. Or, depuis la révision de février 2007, le statut judiciaire du chef de l’Etat mélange les deux, confond les deux personnes et, ce faisant, heurte un principe de base du constitutionnalisme : la protection des citoyens contre les pouvoirs.
Le jugement Chirac démontre l'absurdité du statut actuel. Ce n'est pas l'ex-président de la République qui est condamné, mais l'ancien maire de Paris ! Et pourtant la presse a titré «Une première historique : un ancien président condamné». Ce qui porte injustement préjudice à la fonction présidentielle et démontre que l'actuel statut ne la protège en rien. Et Chirac est condamné pour des infractions commises il y a plus de vingt-cinq ans ! Imaginons qu'il ait été condamné peu après, en 1998 par exemple. Les citoyens auraient alors appris qu'il «a été l'initiateur et l'auteur principal des délits d'abus de confiance, détournement de fonds publics, ingérence et prise illégale d'intérêts ; que sa culpabilité résulta de pratiques pérennes et réitérées qui lui sont personnellement imputables ; que Jacques Chirac a manqué à la probité qui pèse sur les personnes publiques chargées de la gestion