Les Français commencent l’année 2012 plus pessimistes que jamais. Ils ont de bonnes raisons d’être mécontents, anxieux, amères et même, pour une fraction d’entre eux, submergés par la colère et le ressentiment. Le chômage va retrouver des niveaux conjurés depuis dix ans. Il dépassera prochainement la barre des 10%. Le pouvoir d’achat stagne globalement et va même baisser cette année. La France entre en récession pour au moins six mois. La crise financière et monétaire ne cesse de rebondir et d’imposer un sentiment délétère de dessaisissement et de vulnérabilité : elle nous échappe et nous régente. Que dans ces conditions, le moral des Français soit sinistré, cela n’a rien de surprenant ou d’illogique. La campagne présidentielle va se dérouler dans un climat lugubre, sous la menace de plans sociaux, sous la férule de marchés impitoyables. Elle sera en ce sens la plus cruelle que l’on ait connu depuis que l’on élit le président de la République au suffrage universel direct.
Ce noir décor n’explique cependant pas pourquoi la France est aujourd’hui le pays le plus pessimiste du monde.
La récente enquête annuelle menée par Gallup (1) dans 51 Etats (en France par BVA) nous situe en effet comme la nation la plus dépressive, la plus sombre de l’univers. Nous sommes moins confiants dans l’avenir que l’Espagne, l’Irlande ou la Grèce, pourtant tellement plus sinistrées que nous. La Bosnie, la Serbie et l’Irak, qui viennent de traverser d’effroyables guerres civiles, ont moins mauvais mor