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Le baron du gaullisme Pierre Lefranc est mort

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Cet ancien résistant a toujours été proche du général. Il est décédé samedi à Paris, la veille de son 90ème anniversaire.
Pierre Lefranc (à gauche) avec André Malraux, le jour de l'inauguration du mémorial Charles de Gaulle, à Colombey-Les-Deux-Eglises en 1972. (AFP)
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publié le 7 janvier 2012 à 18h50
(mis à jour le 7 janvier 2012 à 19h26)
Pierre Lefranc, l'un des barons du gaullisme, est mort samedi à Paris à l'hôpital du Val-de-Grâce à la veille de son 90e anniversaire, a annoncé à l'AFP son neveu Olivier Germain-Thomas.

Ancien résistant et proche du général de Gaulle, M. Lefranc avait été le fondateur de la Fondation Charles-de-Gaulle. Il présidait jusqu'à sa mort l'Association nationale d'action pour la fidélité au général de Gaulle.
Né le 23 janvier 1922 à Paris, Pierre Lefranc était marié et père de deux enfants. Son cercueil sera exposé mercredi à la Fondation Charles-de-Gaulle avant des obsèques dans l'intimité familiale, a précisé son neveu.

Agé de 18 ans en 1940, il faisait partie des 1.000 manifestants qui avaient défilé sur les Champs-Elysées, le 11 novembre, contre l'occupant allemand. Il avait été blessé à cette occasion et placé en détention pendant six mois. Libéré, il avait alors rejoint la France libre puis le général de Gaulle qui, lors de leur première rencontre à Gibraltar, lui avait lancé: "Vous en avez mis, du temps, à venir ! Il nous reste beaucoup à faire".
Resté toujours fidèle au général, notamment pendant sa "traversée du désert" des années 50, Pierre Lefranc l'avait suivi à partir de 1958 à Matignon puis à l'Elysée.

Critique avec Chirac et Sarkozy

Il avait également dirigé sa campagne présidentielle en 1965 et été l'un des organisateurs de la grande contre-manifestation gaulliste du 30 mai 1968. Devant le succès de ce défilé sur les Champs-Elysées, André Malraux lui aurait lancé avec humour: "Maintenant, Lefranc, vous pouvez aller à la pêche...".
Plus récemment, Pierre Lefranc s'était montré critique envers les présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Il figurait d'ailleurs, en 2008, parmi les signataires de "l'Appel républicain", aux côtés de François Bayrou, Ségolène Royal et Dominique de Villepin notamment.

Sans mentionner le nom de l'actuel chef de l'Etat, les signataires y réaffirmaient "leur attachement au principe républicain" et "leur refus de toute dérive vers une forme de pouvoir purement personnel confinant à la monarchie élective".

En 2002, estimant que "le RPR n'a jamais représenté le gaullisme", il avait appelé, avec d'autres "gaullistes de conviction", à voter pour Jean-Pierre Chevènement, sans pour autant se définir comme un gaulliste de gauche.
Il jugeait d'ailleurs que le gaullisme n'existait pratiquement plus au sein de la classe politique d'aujourd'hui: "le gaullisme aura duré 30 ans. Une génération, en somme...", décla